mercredi 15 juin 2011

le porteur d ombre



A Vangauguin


Blake: Satan vidant ses tourments sur Hiob

Le diable ne rit pas tout seul en son désert,
Il porte l' âpre croix de sa tristesse immense,
Il lorgne des humains l' irréversible danse,
Plus aride et plus seul que lande de Lozère.

Ses ailes repliées sur ses rictus déments
Sont parfois secouées de ses sulfureux spasmes,
Il sait prendre l' aspect polymorphe des phasmes,
Il triche à la nature , il ment aux éléments,

Car sa beauté suspecte au ciel n' est que du vent,
Tempête brise l' âme, il se meut en bourrasque,
Grimaçant sous la cendre figée de son masque,
Ecumant de fumée, à la lave buvant.

Jadis il m' effleura de sa griffe létale,
Quand presque pétrifiée, j' ai péri sous son pied;
Mais son oeil évidé de m' avoir trop épiée
Fleurit mon mausolée de larmes de pétales.