samedi 28 mai 2011

J' ai soif



 Mantegna : l' adoration des Mages ( détail)



Boire à tous les torrents, nue sous toute cascade,
M' immerger dans les mers où l'écume a germé
La Venus insondable aux sésames fermés,
Versant son gai savoir aux multiples rasades.

Montagnes livrez moi les secrets des Titans,
Au fer rouge marquant le destin qui se forge,
Plaines nourrissez moi de blé , d' avoine et d' orge
Apprenez moi les maux des humbles habitants.

Vous les airs enflez moi comme aérienne voile,
Afin de parcourir vos livres suspendus
Comme d' anciens jardins où mes lèvres tendues
Aspirent la lumière tombant des étoiles.

Et s' il n' est nulle terre que je sente mienne,
Lassée de tous les goûts que ma langue effleura,
Laminée de vos lits où mon corps se leurra,
Que mon amante ultime, alors, que la mort vienne.

vendredi 27 mai 2011

Vis vibre et vivifie



Draper: la chute d' Icare


A toi Maxence , l' archange des Cordillères

Eblouie aux rayons d' or de ton auréole,
Occupée à lapper en avides lampées
Tes sucs revivifiant mon âme détrempée,
Ressourcée dans les miels de tes mille alvéoles,

J' ai fait la sourde oreille à ton cri silencieux,
Suçant insouciamment ton sang comme un vampire.
Si ta force décroît et que ton mal empire,
Et qu' entre chien et loup tu aspires les cieux,

Pour que l' immensité sans fin te regénère,
Mes mains cherchant ton front pour la fièvre apaiser,
Ma bouche offrant aux nuits son ovale baiser,
Je retiendrai mon souffle et t' offrirai mon air.


lundi 23 mai 2011

Ouf!




Rossetti: Hamlet et Ophélie


Bouillant de sang, à fleur d' appeau, de bain de boue
En bout de banc,givré comme une pluie neigeuse,
Tropical sirocco de mes nuits orageuses,
Ton souffle dionysiaque enfle les blancs bambous.

Mon amant le dieu Pan t' a fourgué tant de fougue
Que ton bouc est babine de fauve enragé,
Mon sud abdominal tant de fois fourragé
Tenté d' abominable a failli faire fugue;

Mais tu m' épanouis de ta sève inouïe;
Gorgée comme un calice ourlé de renoncule,
J' ai ployé à ton souple poids du pédoncule
Succombant sous tes sucs,vidée, évanouie.

Si pour ressusciter il fallait s' en remettre
A médiévale épée du rival du roi Mark,
Yseut voudrait le sceptre arqué du Danemark
Des mains du seul viking qui puisse être son maître.

mardi 17 mai 2011

Merci ma Zeta




Desiderio: église


Aux yeux de M.

Le Temple

Quand bien même j' aurais épuisé tes spectacles,
Et insidieusement forcé ton mausolée,
Même si, un par un, dénudés,isolés,
J' effeuillais les secrets de ton noir tabernacle;

Tu resterais le temple aux parois de cristal,
Lumineux et voilé où vient se recueillir,
Dans un calice d' or l' éternel souvenir,
Qui sent l' herbe mouillée et le bois de santal;

Toutes mes illusions y bercent rassurées,
Comme des nouveaux -nés bien des espoirs douceâtres,
Même la dérision aux masques de théâtre,
Décelée dès le seuil, tombe, dénaturée.

Plus sombre et plus brillant qu' un choeur de cathédrale,
Tu as dans tes trésors et l' ambre et l' or bruni;
Tes étranges lueurs, reflets de l' infini
Y gardent mon fantôme captif de l' opale.

Janvier 1987

Quand je suis entrée au couvent j' ai voulu sacrifier mes poèmes et les ai détruits, ceux écrits entre seize et vingt ans, et mon amie a gardé les manuscrits, qu elle vient de me renvoyer depuis la nuit des temps, lambeaux de jeunesse, ma Zeta, comment as tu pu conserver cela dans tes pérégrinations?
J' ignore qui est M., homme, femme, idée, archange, t' en souviens tu?



Cette vidéo qui m' est envoyée par mon ami Maxence me plaît beaucoup pour la force de sa démesure, en effet , elle est la parfaite illustration de mes réminiscences.Merci!

vendredi 13 mai 2011

Le grand sort scié



Dulac: Orphée et Eurydice.

 A M. des grands monts de Norvège.


Si Orphée eût porté un pareil appendice
Protégeant ses trésors de mille yeux de paon,
Qu' eût importé sa lyre ou sa flûte de Pan,
Dans nul enfer jamais n' eût sombré Eurydice.

Antigone aurait eu un semblable piolet
Afin d' ensevelir son frère Polynice,
Dante eût pu de sa dague sauver Béatrice...
Le carême eût perdu son morbide violet.

Car enfin je ne veux pour aucune assomption,
Renoncer aux pouvoirs qui me tirent à terre,
Les saillies de tes mots et de ton cimeterre
Seront les forces nées de neuves rédemptions.

Viens adoucir ma peau à tes rigidités,
Que mon corps défendant à tes lois s' émancipe,
Fendant toutes les mers, corsaire sans principes,
Viens fondre toute lame en ma liquidité.

vendredi 6 mai 2011

Muse immunisée



 Edgar Maxence harmonies


Ma muse au plus offrant, comme une courtisane,
Ma muse maltraitée, ma muse écartelée,
Pantelante insultée, honnie , démantelée,
Troussée en plein soleil comme une paysanne;

Offrant rictus mutins et coquines oeillades
Comme un accroche -coeur, qui soupire et ahanne,
En sa chronique peur de la beauté qui fane,
Offrant ton poitrail nu au feu des fusillades.

Pauvre muse encombrée d' enveloppe charnelle,
Conspuée dans tes maux, honteuse de ton corps,
Cherchant ton double élu en harmonieux accord
Pour fusionner en toi d' une union éternelle.

Si tes amours saphiques t' ont clamée maudite,
Si l' ange, si l' amant , t' ont craché leur mépris,
Que ton art et mes larmes partout incompris
Fécondent en mon âme un être hermaphrodite.

mardi 3 mai 2011

adieu aux armes




A toi, J. Guitare,nos routes se décroisent,que la tienne soit droite!

Sous terre hibernera la peine emprisonnée,
Là où les feux follets donnent au feus héros
L' illusion d' une trêve autour d' un brasero,
Au milieu des muguets, tocsins empoisonnés.

Mais lorsque le printemps fera jaillir des arbres
La rondeur des bourgeons gorgés comme un foetus,
Les branches formeront en un amer rictus,
Un arc en ciel de bras de la froideur du marbre.

Mon étreinte n'est plus mais je garde l' empreinte
Du trop doux troubadour qui m' offrit sa chanson,
Gravée sur une coupe, ô fidèle échanson
Qui n' as pas pu noyer le noir fiel de mes craintes.