mardi 31 août 2010

Hurlevent








Desains: femme asphyxiée



Pousser le premier cri tel qu' au moment de naître;
Exhaler son malêtre comme un vieux démon
Chassé par le plein air entré à plein poumon,
Du courant frais versé à l' oeil de la fenêtre;

Revivre comme on meurt d' élans désespérés,
Laisser d' anciens cocons l' inutile défroque,
D' ombilicaux cordons où l' avenir suffoque
Trancher l' anneau flétri, de nécrose opéré.

Mon âme, sors d' ici, quitte ce corps malade,
File dans les éthers des vents décolorés,
Des mélodies du temps entends la logorrhée,
A l' oreille absolue va donner l' accolade.

Approche le sublime aux faisceaux irisés,
Quand s' endort le soleil baigné dans son sang d'or;
Quand l' ombre dessine à l' église un nombre d' or,
Le beau presque palpable aux murs vient se briser.

Alors toi la maudite hurlant qu' on en finisse,
Eructant tes giclées de lumière et de son,
Tombe aux genoux de Dieu, touché par ta chanson,
Afin qu' infiniment son Verbe te bénisse.

dimanche 22 août 2010

Le teste amant

Léon Coignet: scène du massacre des innocents.



Tant de contradictions de tous ces faux oracles,
Pourtant je t'attendais, brisée, à bout de forces,
Fragile urne de sève vibrant sous l' écorce,
Je tenais le Saint-Chreme en mon fier tabernacle.

Mais cette onction fragile coulait goutte à goutte,
Comme le cerveau d' or qu' un ongle avide râcle,
Pour te garder en vie, il fallait un miracle,
Les mages se sont tus car le sang les dégoûte.

Tu t' es vidé de vie comme peau de chagrin,
Vieux bureau que plus un seul dossier ne dérange
Moi le pauvre silo où plus rien ne s' engrange
Je vais crier famine quand se meurt le grain.

Passez votre chemin quand la souffrance lance,
J' avais ce petit corps en offrande brandie,
Aumône inespérée que les mères mendient,
Alors rendez le moi sinon faites silence.

samedi 14 août 2010

disponible dans les kiosques

Raoul Dufy:le paddock Le temps tourne l' aiguille en tissant sa dentelle,
Le mouvement agite en vain son éventail,
Ce siècle éteint se fige en ouvrant le portail
Du jardin de beauté qui vit à Bagatelle.

Les étangs sont miroirs pour l' âme ensorcelée,
La promesse se baigne à l' onde des cascades,
L' harmonie se précise au gré des promenades,
Le kiosque a consolé les amants esseulés.

Gravissant la spirale, enfin je l' oserai,
Cet éternel serment qui scelle notre pacte,
Les hommes et les dieux enfin en prendront acte:
Car je t' épouserai en cette roseraie.

Le mot et la couleur souvent si démunis,
En cette ère du chiffre allié au rendement,
Vont publier les bans d' un mariage dément:
Un peintre et un poète dans ce parc unis.

samedi 7 août 2010

physique cantique

Ernst Fuchs: David et Bethsabée Une vie en bouton aussitôt effeuillée,
Bourgeonne à fleur de peau comme un noir mélanome,
Et l' encre ensanglantée qui pleure dans tes psaumes
Résonne en triste écho sur ta lyre endeuillée.

A quoi bon être roi au bras de Bethsabée
Pour finir en momie que les prêtres embaument
Ou tenir une main toute froide en sa paume,
Serrant contre son sein un petit macchabée?

Quant à la pécheresse oppressée de remords
Qui en tenant ton sceptre avait la terre entière,
Elle voit en son ventre un affreux cimetière,
Tabernacle morbide pour un enfant mort.

Terrible tentation!répudier la fautive,
S' imposer des regrets aussi gluants qu ' un poulpe,
Errer comme un maudit, gémir ,battre sa coulpe
En hurlant dans le temple d' acres invectives...

Apaise toi, David, heureux nous te nommons,
Nous, hermétiques anges porteurs de messages,
Car ta femme éplorée portera le plus sage
Parmi tes descendants:le noble Salomon.

La tige de Jessé aux racines antiques
Fera éclore en lui sa plus rare orchidée,
La reine de Saba célébrant ses idées
Viendra lui inspirer le plus beau des Cantiques.