mercredi 21 septembre 2011

un de ma race



 Burne-Jones: Pygmalion et Galatée


A se cogner la tête à des murs sans oreilles,
On devient le tambour que les coups de poing crèvent,
Calebasse évidée, aux échos qui font grève,
Sourde aux voix qui promettent des monts et merveilles.

J' ai cru à des ailleurs, errants de nulle part,
Pour poser mon bagage alourdi de mes pleurs,
Tout là bas, hors du temps, sans frontière et sans heurts,
Vers des mondes meilleurs, vers de nouveaux départs;

J' ai cru à des sauveurs , messies d' anciens secrets,
Qui trop portaient leur croix pour consumer la mienne,
Mais ils ont immolé mon humeur bohémienne,
Nommée sorcellerie par d' austères décrets:

Gavés de certitudes jusqu' à la nausée,
Ils violaient les couleurs de ma toile idéale,
Ils m' assujettissaient et j' étais leur féale,
Pauvre esclave alanguie aux rêves cyanosés.

Vint Toi ,que je croisai jadis en Arcadie,
Tout ton être est la clé, tout ton corps est la porte,
Ta voix sait ranimer mon âme à demi morte,
Pigment pour aviver les teintes affadies.

Ton souffle créateur est une perfusion;
Je suis la Galatée éprise du démiurge,
Ta main me remodèle et ta science me purge,
Façonnant de vraies formes sur mes illusions.