mardi 18 janvier 2011

Pierre de lune



Hutter: la mort épie les amants


Ton visage mélancolique
A donné le torticolis
Aux pauvres amants bucoliques,
Couchés parmi les ancolies.

Un frisson court les floralies,
Bientôt viendra l' aube cynique
Pour dévoiler notre folie!
J' entends son rire sardonique.

Non, la lune est notre complice,
Gardienne de notre secret:
Vois la candeur de son front lisse,
La blancheur de son teint de craie!

De noires stries la lune plissent,
Elle penche un oeil indiscret...
De sa douleur les cieux s' emplissent:
Elle ne veut plus être ancrée,

Seule lumière en la mer d' encre,
Pauvre tête décapitée,
Plantée en l' air comme un gros chancre,
D' anciens amants si dépitée.

Un frisson court les floralies:
N' est ce pas cette fille unique?
Son feu roux est une ordalie,
Son rire est cruelle mimique.

Est-ce une amie à l' âme lisse?
Son halo est un rai sucré,
Sur la nuit des temps elle glisse,
Comme une déïté sacrée.

Lorsque furieuse et agitée,
Elle atteignit les corps fragiles,
Elle fondit en voix lactée,
Et remonta d' un vol agile...