vendredi 25 février 2011

Bon app..el au peuple!



Nul ne connaît le jour, ni l' horloge ou la fin
Du cadran aiguillé où danse une balance,
Qui peut jeter les dés , quel destin les relance,
Sur quel livre de sable doré à l' or fin

Que lisent en chantant les choeurs de séraphins?
Avant d' y figurer, je voudrais à ma table
Ceux pour lequel est mort l' homme Dieu de l' étable
Avide d' apaiser nos soifs et notre faim.

Afin que ne soit dit parmi ma descendance
Qu'en vain pauvres venaient à mon vantail heurter
Ayant avec Famine trop longtemps flirté,
Mais par ma faute entrant dans la macabre danse.

le bon samaritain, Delacroix

lundi 14 février 2011

Paris , je te quitte pour un temps.



 Utrillo, Le sacré coeur.



Paris ne rit pas toujours


Le monde se résume en toutes ses façades,
Des verdâtres néons aux flammes des lanternes,
Des verrières de l' arche à la vieille poterne,
des rires de la foire au sang des palissades.

Paris porte son livre ouvert des millénaires,
Roman fleuve chargé des pleurs et des secrets
Que les pigeons confient à ses bateaux ancrés,
Aux reflets des enseignes et des luminaires.

J' ai rêvé de ces nuits où le jour s' éternise,
Des cafés populeux dont l' ethnie fraternise,
De fontaine gloussante et de place en quinconce,

De lampions et de bals dans le soir étésien,
D' airs de jazz échappés des moiteurs d' un caf'conc',
Je crois que j' éprouvais les coeurs des Parisiens. Ecrit le 25 novembre 2009.

dimanche 13 février 2011

val antique...langoureuse saint valentin à tous!



Rossetti:Paolo et Francesca.


Ce n' est pas parce que cette fête paradoxale et controversée ne concerne pas les vieux couples au dessus de ces démonstrations frivoles , les couples anti manipulations commerciales ou les célibataires plus ou moins récents, cochez la bonne réponse, qu on ne va pas se laisser aller à un petit poème sensuel et amoureux dédié à tous les amants qui demain soir s' aimeront pour toute la vie.

C' est un paradis pur que l' auberge des songes,
Où ton parfum chassa bien des vapeurs putrides,
Où ta vigueur calma bien des émois liquides,
De ce rêve éveillé la nostalgie me ronge.

Si mon souffle de lyre t' emprisonna l' âme,
Comme langue fiévreuse d' antique serpent,
Ton murmure a charmé la voûte des tympans
De mon temple effondré, plus pénétrant que lâme.

J' emporte ton baiser dans le secret des tombes,
Flambeau pour éclairer mes cryptes et leurs mythes,
Torche pour dégeler d' opaques stalagmites,
Torrent perlé d' écume défilant en trombe.

Voulais -tu triompher, tu peux chanter victoire:
Cette aube de mes nuits a sonné tous les glas,
J' oscille entre l' éther, la braise et le verglas
Et mes doigts de ta peau se racontent l histoire...

Contre vents et marées aime moi quand bien même,
Courtisane d' un roi avide de plaisirs,
Odalisque effrontée , féale d' un vizir,
Je dusse être enchaînée dans un obscur harem.

Texte écrit le treize février 2011.

mercredi 9 février 2011

Le Minotaure



Soutine, boeuf écorché


Un clin d' Oeil à mon ami Zeta, catalane de feu, qui sait se faire aimer et tenir en respect.Tu m' apprendras?


Son pelage hérissé,fonçant tête baissée,
Le mâle dominant redresse haut le mufle,
Creuse ses flancs, arbore son poitrail de buffle,
Ignorant la détresse des âmes blessées.

Affolé de désir,sifflant, suant, soufflant,
Heureux de sa prouesse, il s' enfle et se pavane;
S' attèle de nouveau, au rodéo ahanne,
Sa violence assouvie, de fierté se gonflant.

Ses victimes pourtant, humbles torréadors,
Animées de la soif d' anciens conquistadors,
Qui amassaient trésors,bijoux, monnaies , merveilles,

Nourrissent l' ambition, sans honte ni remord,
D' ajouter au pastel d' un virginal décor
Un incongru trophée: sa queue et ses oreilles.


samedi 5 février 2011

Partie d' échecs



Fagan.

Petite armée de pions, rangée pour la bataille,
Qu' importe la couleur, vous finirez hors-jeu,
C' est le rôle échu à l' anonyme piétaille:
Se sacrifier aux grands dont on n' est que l' enjeu.

Va l' amble, cavalier, en bonds imprévisibles,
Obstacles surmontés, embuscades tendues,
Epie de l' ennemi les stratégies risibles,
Frappe d' un fier sabot les ruses pourfendues.

Toi, beauté élevée au choeur des tours d' ivoire,
Marche droit sans détours; tes formes épurées
Font reculer la trame des intentions noires,
Va chasser l' adversaire en ta sainte curée.

Fantaisie provocante, arrogance infernale,
Oracle aux intuitions si vraie des fins limiers,
Le fou et son génie détourne en diagonale
L' ordre manichéen du fragile damier.

Qui du roi de la reine ira tôt se coucher?
Lequel tient la partie et qui l' autre protège?
Lequel se crut subtil qui fut vite mouché?
Est- ce un pion qui vaincra quand les lignes s'allègent?

Pas un hors du tracé qui à la vie renaisse?
Pourtant les simulacres ne sont pas inquiets:
De case en case ils vont, eux - mêmes se connaissent...
Si le monde était simple comme un échiquier!