vendredi 24 juin 2011

A l' est de Lesbos



Charles Mengin: Sappho



J' ai bu dans vos regard le vénéneux mystère,
Puisant en vos parfums de malsaines extases,
J' ai humé de mes mains sous vos robes de gaze,
Vos cristallines bouches m' ont promis Cythère.

Vous fîtes miroiter les ailes de Pégase,
Transformant les vrais sots en pseudo Prométhées,
A ceux qui vénéraient de rêveries athées
Les grâces ingénues, sous les gestes d' emphase.

La moiteur de vos peaux aux torrides étés
Exhalait les sueurs des reines de sabbat,
Ranimait la fureur d' hérétiques ébats
Que dansent les damnés sur le fleuve Léthé.

Vos plaintes psalmodiées, vos mots redits tout bas,
L' écho les emmêlait alimentant nos faims;
vos fausses tragédies, vos pauvres émois feints,
Nous laissaient entrevoir d' impossibles combats.

Vos chevilles ténues au grain de peau si fin,
Nos nuits les égrenaient en un très long rosaire,
Votre blancheur nacrée d' amantes légendaires
Reflétait l' or fleuri du front des séraphins.

J' ai joui du nectar de vos orgies amères,
Epuisant sous mes doigts vos beautés éphémères,
Fouillant peine perdue en quête de chimères:
Mes déesses sacrées n' étaient que des commères..

Décembre 1986( merci ma Zeta, je ne sais pas ce qui l' a inspiré mais je le trouve amusant!)