dimanche 10 avril 2011

Que la joie ne soit pas que pour les demeurés



 L'éternel printemps d'après Rodin, peinture de Rénica.

 Blasés , la blouse usée ,attendant la relève,
Utiles laborieux des blèmes matinées,
Forçats suintant l' effort aux paumes patinées,
Artisans de nos rues, que vos printemps se lèvent!

Solistes associés assassinant les rêves
A coup de mots stylets pour couple suicidé,
L' acide accord tacite a ceci décidé:
Union perpétuité.Que vos printemps se lèvent!

Toi , fou, hurlant ton mal, poing levé sur la grêve,
La tête harassée d' un ressac incessant,
Quand dans le ciel crasseux tombe un soir indécent
Tu te croirais damné, que ton printemps se lève.

Nous tous aux cent secrets ,si cruels qu' on en crève,
De feinte en faux -semblant contraints de composer,
Refoulant la révolte et refusant d' oser
Rompre les cours des vies dont nous sommes élèves.

Prenons les fleurs des chants que la brise soulève,
De nos plumes d' oiseaux traçons nos destinées,
Les arts vont nous vêtir d' une peau satinée
Qui se frotte au printemps toute gorgée de sève.